vendredi 30 octobre 2015

L'Enquête d'Elisabeth: le déballage de notre vie à n'importe qui



      Bonjour mes chers lecteurs !
Aujourd'hui, dans les enquêtes d'Elisabetch nous allons parler d'un mal qui ronge notre époque, une face obscure qui réside en chacun de nous, un trait de caractère qui s'est étendu à une grande partie de la population mondiale et je suis sûre que beaucoup d'entre-vous se reconnaîtront dans cet article. En effet de plus en plus de monde s'adonne à une pratique singulière: déballer sa vie à n'importe qui.



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     Vous ne l'aviez pourtant pas forcément remarqué, mais le constat existe bel et bien: de nos jours, de nombreux habitants de nos villes ont tendance à s'adresser à n'importe qui pour raconter à ces derniers n'importe quoi, que ce soit des infos météorologiques ou des événements de votre vie personnelle. Je me suis donc intéressée à l'origine de cette nouvelle pratique, de manière à savoir si ce déballage de la vie privée de chacun provient d'un esprit humain accueillant, l'envie d'intégrer les gens que l'on ne connait pas en étant transparent vis à vis de ces derniers, ou au contraire, cette spontanéité ne résulterait elle pas d'un profond mal être des gens qui ont tellement envie de discuter qu'ils ne savent plus différencier ce qui se dit lors d'une première rencontre de ce qui se préserve pour une véritable amitié.




     Mon enquête m'a donc mené à directement interviewer des gens, cela résultait d'une envie de savoir ce que la population pensait de cette affaire.
      La première personne que j'ai rencontré m'a reçu chez elle, ou plutôt... je me suis invitée chez elle et ça lui a paru tout naturel que je m'installe à sa table sans même me présenter. Clara est une quarantenaire qui possède une maison à Lagune et la première chose qu'elle m'a dit tout naturellement était:


"Il est... si beau.
Si seulement j'étais encore jeune je ferais tout pour séduire ce héros. Si brave."


Les enquêtes - Clara.png
 

     Surprise, je lui ai alors demandé pourquoi c'était la première chose qu'elle tenait à me dire, alors que je n'avais pas laissé un seul son sortir de ma bouche. Clara m'a alors répondu qu'elle ne savait pas trop, qu'elle aimait bien se confier comme ça. Clara, c'est le genre de femme qui pense que la vie est trop courte pour perdre du temps avec des intéractions sociales futiles, elle préfère rentrer directement dans des sujets qui l'intéressent ou aborder des questions de vie qu'elle se pose en moment.
     Cependant, je me suis vite rendue compte que malgré ce discours plutôt positif vis à vis de son honnêteté et son hospitalité, Clara était surtout une personnalité un peu perdue, ne sachant pas quoi faire de sa vie et ayant un grand besoin d'autrui pour lui dire ce qu'elle devait faire ou choisir.



      Après avoir fini de discuter avec Clara, je me suis alors déplacée vers Lagion, ville opposée à Lagune et cette fois-ci, je suis allé voir Robert, agriculteur implanté dans la ville portuaire depuis des dizaines d'années. Robert était en train de travailler dans ses champs lorsque je l'ai abordé et la première interaction que nous avons eu, c'était lui en train de me reprocher de marcher sur ses plantations.


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      Suite à des excuses de ma part, Robert a finalement accepté de m'accueillir au sein de sa maison de manière à ce que nous puissions discuter plus précisément. J'ai alors appris que je n'étais pas un cas à part, Robert a en effet l'habitude d'attendre que des gens s'approchent de lui alors qu'il est en train de travailler pour pouvoir ensuite les disputer. Il m'a ensuite avoué qu'il ne savait pas trop pourquoi il faisait ça mais qu'il le faisait systématiquement, que c'était devenue naturel pour lui, comme un "Bonjour". Robert s'est donc longuement interrogé sur cette manie qu'il avait, en me confiant qu'il ne s'était jamais vraiment posé la question du pourquoi, mais il en a ressorti qu'il pensait être profondément malheureux, dû à sa solitude, et que le fait de pouvoir se fâcher face à des inconnus, ça lui permettait de se sentir vivant, de pouvoir, pour un instant, ne pas être qu'une enveloppe vide qui regarde dans le vague sans bouger.


     Je suis donc ressortie de chez Robert plutôt déprimée: si Clara semblait être consciente et heureuse de parler de cette manière à des inconnus, le vieil homme n'avait jamais remarqué ce trait de sa personnalité et semblait plutôt inquiet de ce qu'il voulait signifier.
     Je me suis alors finalement rendu à Heliett pour rendre visite à Agathe, une villageoise qui a décidé de se battre contre ce manque d'intimité qui semble toucher les gens autour d'elle.



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     Agathe est couturière et déteste que l'on s'introduise chez elle sans son autorisation, elle m'a alors confié:


"Moi, personnellement, j'en peux plus, les gens de passages, mes voisins ou même les soldats de l'armée, tout le monde semble n'avoir plus aucune limite, les gens entre chez les autres sans être invité et peuvent visiter l'intérieur sans même leur adresser la parole et à la limite, c'est pas ce qui m'énerve le plus, parce que de toute façon, de nos jours, on partage tout à des inconnus, on ne cache plus rien. L'autre jour, j'ai discuté avec un garde qui m'a distribué comme ça des informations confidentielles qu'il venait de recevoir... C'est le drame de notre génération ! Plus personne ne semble faire la limite entre ce que l'on peut dire et ce que l'on doit préserver.

Du coup, bah moi j'ai décidé d'agir à mon échelle, essayer de faire comprendre que non, on devrait pas tous raconter nos moindres secrets ! Moi, dès que quelqu'un rentre chez moi sans que j'ai accepté qu'il rentre, je lui demande de sortir, mais vous savez quoi ? Des fois ils insistent alors que je les connais même pas ! Alors dans ce genre de cas, j'hésite pas, c'est boule de feu dans la tête de ces visiteurs !"


     Le combat d'Agathe, c'est donc de sensibiliser les gens pour qu'ils se rendent compte de la direction que prend la population mondiale actuellement et même si sa parole ou ses actes sont un peu extrêmes, il est bon de se rendre compte que des personnes sont là pour nous rappeler que tout ne se dit pas.



     Clara, Robert et Agathe, chacun à leur manière, les contacts sociaux les affectent profondément: certains sont dépendants de ces derniers, d'autres ne sont plus capable de comprendre comment ils fonctionnent et enfin, d'autres encore, souhaitent les voir disparaître.
      Mais que ce déballage de vie privée vienne d'un mal-être intérieur ou d'une envie de partager avec vous, je n'aurais qu'une chose à dire pour finir cet article: écoutez ces gens, peu importe leurs motivations, ils ont des choses à dire, alors accordez leur un peu de votre temps car leur vie se résume souvent à attendre que quelqu'un accepte enfin de leur adresser la parole.

     C'était Elisabeth pour une nouvelle enquête, j'espère que vous avez passé une bonne lecture et à une prochaine !

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